Le rétinoblastome de l’enfant en ligne de mire
JIM.fr
Publié le 24/07/2008
Les taux d’incidence du rétinoblastome de par le monde, chez l’enfant de 0 à 4 ans, varient selon les pays, de 3,4 p. million en Bulgarie à 42,5 p. million au Mali, et au sein d’un même continent (6,3 à 19,6 p. million en Asie, 10,6 à 42,5 p. million en Afrique, 6 à 12 p. million en Europe, 10,3 en Australie). Peu d’études ont évalué les tendances évolutives de ce cancer aux États-Unis, en prenant en compte, en particulier, l’impact des facteurs environnementaux. D’où l’intérêt de cette étude américaine qui a évalué l’incidence du rétinoblastome de 1975 à 2004 et les tendances évolutives susceptibles d’être liées aux expositions environnementales.
Pour ce faire, les auteurs ont analysé les données de 9 registres du Programme SEER (Surveillance, Epidemiology, and End Results Program) vaste base de données du National Cancer Institute, disposant d’informations précises sur l’incidence du cancer en population générale et les taux de survie aux États-Unis. Ces 9 registres, qui avaient recueilli les données pour la totalité de période 1975-2004, couvraient environ 9,5 % de la population du pays.
L’étude a recensé 658 cas de rétinoblastome survenus au cours des 3 décennies d’intérêt, représentant 6,1 % des cancers de l’enfant âgé de moins de 5 ans et 4,13 % des cancers des moins de 10 ans. La plupart des cas rapportés étaient de source hospitalière (98,8 %) et étaient pour 89,7 % d’entre eux histologiquement confirmés.
L’incidence globale du rétinoblastome, ajustée sur l’âge, était de 11,8 p. million chez les enfants âgés de 0 à 4 ans (intervalle de confiance à 95 % [IC95] de 10,9 à 12,8). Selon le sexe, elle était de 11,3 p. million (IC95 de 10,1 à 12,7) chez les garçons et de 12,4 p. million (IC95 de 11,1 à 13,8) chez les filles, sans différence significative entre Blancs et Noirs au cours de chacune des tranches de 5 ans de la période d’étude.
L’analyse ne montre ni variations significatives d’incidence globale du rétinoblastome entre 1975 et 2004, ni variation selon le sexe et l’ethnie. Les proportions de cas bilatéraux (26,7 %) et unilatéraux (71,9 %) sont elles aussi restées stables sur les 3 décennies d’étude. L’incidence des rétinoblastomes unilatéraux était plus élevée que celle des cas bilatéraux (8,3 p. million versus 3,2 p. million) ; la proportion de cas unilatéraux augmentant avec l’âge au diagnostic (de 57,8 % chez les moins de 1 an à 96,4 % chez les 5-9 ans).
Cette analyse de tendance, montre une incidence du rétinoblastome de 11,8 p. million chez les 0-4 ans aux États-Unis, comparable à celle rapportée antérieurement dans le pays, et comparable aussi à l’incidence observée aux Pays-Bas, en Europe du Nord et à Singapour. Cette incidence, aux États-Unis, est restée stable au cours des 3 dernières décennies, et cette stabilité, selon les auteurs, rend peu vraisemblable le rôle de facteurs environnementaux, alimentaires ou infectieux viraux par exemple, dans la genèse de ce cancer.
Dr Claudine Goldgewicht
Broaddus E et coll. : Incidence of retinoblastoma in the United-States 1975-2004. Br J Ophtalmol. Publication en ligne le 11 juillet 2008.