SANTE.
Méfiez-vous du glutenContenu dans de nombreuses céréales, le gluten est à l’origine d’une intolérance alimentaire qui peut avoir des conséquences graves. Mais elle reste peu connue. Les gastro-entérologues sonnent l’alarme pour que les patients soient mieux informés.
Laure Pelé | 27.10.2008, 07h00 POUR EUX, avaler une tranche de pain ou se régaler d’une regina à la pizzeria du coin, c’est dangereux. Mais peu le savent. Alors, ils s’accommodent pendant des années de douleurs abdominales, de ballonnements, de diarrhées, d’asthénie… Jusqu’au jour où, s’ils ont de la chance, un médecin saura dépister une intolérance au gluten.
Une substance visqueuse, mélange de protéines, d’hydrates de carbone et de lipides, contenue dans les céréales les plus consommées comme le blé, le froment, l’épeautre, le seigle, l’orge, l’avoine…
On estime que 1 % de la population est concerné, mais seulement 10 à 20 % sont aujourd’hui diagnostiqués. La maladie coeliaque c’est son nom est pourtant la plus répandue des intolérances alimentaires, mais aussi la moins connue, même des médecins. La faute à l’histoire, qui l’a longtemps cantonnée au monde de l’enfance, et à la difficulté d’en cerner les signes si nombreux et si différents (lire encadré ci-dessous) . Les gastro-entérologues, qui lui consacreront un colloque en Autriche en novembre, s’en alarment. Car les conséquences de cette maladie, non diagnostiquée, peuvent être gravissimes et entraîner un lymphome, un cancer de l’intestin grêle ou une déminéralisation des os.
C’est une inflammation chronique de la muqueuse intestinale provoquée par le gluten, qui attaque les villosités le revêtement interne de l’intestin grêle , jusqu’à les araser complètement, d’où une malabsorption des nutriments, comme le fer ou le calcium.
Pour guérir, un seul traitement possible : bannir le gluten de son alimentation. Et ce n’est pas une mince affaire, car du gluten, il y en a partout. D’abord il faut le traquer dans les rayons des magasins, en s’échinant à lire la composition des ingrédients où parfois rien n’est mentionné. « Dans la plupart des produits industrialisés, il y a des risques de traces de gluten, soupire Catherine Remillieux-Rast, la vice-présidente de l’Afdiag (Association française des intolérants au gluten). Même des produits naturellement sans gluten, comme par exemple la farine de sarrasin, peuvent être contaminés à l’ensachage ou au ramassage. »
« Nous espérons trouver des médicaments »
Les malades sont obligés de s’approvisionner en majorité dans les magasins diététiques, bio, en pharmacie, voire sur Internet pour trouver leur farine sans gluten, mais à des prix de trois à cinq fois plus chers qu’une farine classique (la Sécu rembourse une petite partie des courses des malades coeliaques). « Dans l’avenir, nous espérons trouver des médicaments qui inhibent la toxicité du gluten, mais pour l’instant ce régime strict à faire à vie est le seul traitement, prévient le professeur Christophe Cellier, gastro-entérologue de l’Hôpital européen Georges-Pompidou à Paris. C’est pourquoi il faut un meilleur étiquetage, une plus grande disponibilité des produits sans gluten et surtout une meilleure information des médecins, de la population, des traiteurs et du personnel des restaurants. Même au fin fond de l’Irlande, on trouve des menus sans gluten partout ! » Bonne nouvelle et peut-être le début d’une prise de conscience française : un restaurant sans gluten, le premier du genre en France, doit ouvrir sous peu à Paris.
Le Parisien