Une non voyante participe à l'émission "Un dîner presque parfait" ou Odile : aveugle, oui mais aux p’tits oignons
Odile Hochard a préparé un bon repas et reçu ses invités dans le cadre de l'émission Un dîner presque parfait.
Odile Hochard est la première non-voyante à participer à l’émission Un dîner presque parfait. A ses hôtes, la Thionvilloise a mitonné un repas à déguster dans l’obscurité totale. Une recette inédite… même pour elle !
C’est dit : Odile Hochard est aveugle. Ce qui ne l’empêche pas d’épater son monde… Par son enthousiasme à croquer dans la vie. Par sa faim de kilomètres à peine assouvie par de nombreux marathons. Par son goût de la danse ou de la gym que la Thionvilloise pratique en club. Et la cuisine dans tout ça ? «C’est un de mes autres petits plaisirs ! », s’amuse la quinqua'. Un jour, comme un cheveu sur la soupe, un mail tombe sur son ordinateur. «L’Association des aveugles d’Alsace-Lorraine cherchait quelqu’un susceptible d’organiser un dîner pour 5 personnes, devant des caméras. » Et comme Odile n’avait pas encore mis son grain de sel à la télé, elle s’est proposée…
Un questionnaire par téléphone, une rencontre avec la production de M6, la coureuse était retenue. Entre deux entraînements, elle a donc pensé aux petits plats à présenter pour Un dîner presque parfait. «Un truc simple qui me ressemble, annonce-t-elle avant d’avouer le menu mystère servi à ses invités : brick en broc, terrier de saint Nicolas et fraîcheurs d’hiver. » Sans soulever le couvercle de la cocotte avant la diffusion, il y est question d’aumônières, de lapin aux pruneaux et pain d’épice et de verrines fruitées.
Handi-capable
En un après-midi, Odile a tout fait. Tout sous les projecteurs : cuisiné, dressé la table («avec nappe verte, serviettes orange et étoiles dorées sur la table ») et… choisi sa jupe avant de recevoir les quatre autres concurrents. «C’est M6 qui a proposé l’idée du repas "à l’aveugle". Entièrement dans le noir. Moi, je dois avouer que cela ne me séduisait guère. Je ne reçois jamais comme ça : je fais toujours tout au grand jour ! » On vous laisse imaginer les hôtes, bouche bée, en apprenant à l’apéro qu’ils allaient devoir manipuler couteaux et fourchettes dans le noir, sous l’œil des caméras infrarouges installées dans la salle à manger. «Ça a jeté un froid… »
Derrière ses fourneaux ou devant ses invités, Odile ne s’est pourtant pas démontée. « J’ai voulu leur montrer combien l’imaginaire était le sens qui se développait quand la vue n’était plus là. Comment même la perception d’un goût changeait si l’on voyait ou pas l’aliment avant de le manger. Combien l’exercice de découper un met pouvait devenir délicat sans lumière…» Le tout ne baignant surtout pas dans une sauce moralisatrice ou réclamant de la compassion. «Sans la vue, eux et moi étions à égalité pour toute la semaine d’enregistrement. L’idée était alors de démontrer que je n’étais pas handicapée mais handi-capable !» Habile dans le mélange des saveurs autant que dans le service, «et croyez-moi : ce n’est pas simple de mettre les mêmes proportions dans chaque assiette ».
Le résultat ? Comme une excellente recette, Odile préfère le garder secret… «Par contre, j’ai hâte que l’émission soit diffusée. Apprécier comment le monteur va se sortir de toutes les heures d’enregistrement. Après, je passerai à autre chose.» Et les ingrédients de son agenda 2010 sont déjà connus : une bouchée de Marathon de Tahiti en février, une cuillerée d’Eco-trail de Paris en mars, une gorgée de Marathon des Sables en avril et le Tour de France en tandem cet été en guise de dessert. «Par contre pour midi, ce sera pois cassés, carottes et lardons !»
Patrick Jacquemot.
Un dîner presque parfait à Thionville, à voir du 18 au 22 janvier sur M6.