CAASEM : Collectif adaptateurs de l'audiovisuel pour sourds & malentendants : Pourquoi le sous-titrage n'est pas de la même qualité pour tous les programmes ? Articles de CAASEM : Collectif adaptateurs de l'audiovisuel pour sourds & malentendantsPourquoi le sous-titrage n'est pas de la même qualité pour tous les programmes ?
samedi 6 février 2010, à 20:12 La différence de qualité entre les différents sous-titrages diffusés à la télévision s'explique par le choix de la technique utilisée pour le réaliser. Il existe 3 types de sous-titrage : le sous-titrage adapté, le sous-titrage simultané par vélotypie, et le sous-titrage simultané par reconnaissance vocale.
Le sous-titrage adapté consiste, pour les sous-titreurs adaptateurs, à rendre par écrit de façon la plus lisible possible, le texte émis oralement en en respectant absolument le sens et le rythme, et en en codifiant les données extra textuelles par des couleurs, placements spécifiques, descriptions des sons d’ambiance, etc... Ce type de sous-titrage adapté demande une très bonne maîtrise de la langue française, une large culture générale, et surtout du temps pour les professionnels le réalisant (on compte 1 h de travail pour 3 à 5 min de sous-titrage). Le travail du sous-titreur adaptateur est livré aux chaînes « prêt à diffuser », mais il est parfois relu une 2e fois par des correcteurs au sein des chaînes les plus soucieuses de la qualité du sous-titrage, quand les délais le permettent. Cette technique est employée pour le sous-titrage des émissions enregistrées, et donc diffusées en différé.
La seconde technique par «vélotypie » consiste à reproduire de façon simultanée le discours émis. Ceci se fait par des professionnels qualifiés, expert de la langue française, ayant une excellente culture générale, et maîtrisant la technique de la vélotpypie (sorte de sténotype) qui demande environ 2 ans de formation. Ici, le discours n’est plus adapté, mais parfois synthétisé lorsque cela est possible et que ça n’en change pas le sens. Le texte est diffusé quasiment simultanément. C’est une technique employée pour le sous-titrage des émissions diffusées en direct, mais qui souffre du développement de la 3e technique…
Dernière technique, donc : le sous-titrage simultané par reconnaissance vocale. Là, un sous-titreur dit « perroquet » répète tout ce qu'il entend dans un micro et c'est son ordinateur qui retranscrit le texte. Pour certaines chaînes, et uniquement sur leur demande, à côté de lui peut se trouver un correcteur qui relit rapidement les sous-titres ainsi rédigés avant de les envoyer en diffusion. La diffusion du sous-titrage se fait alors mot à mot, quelques secondes après. Idem : pas d’adaptation ni de codes couleurs, placements, mais un sous-titrage quasi en direct, et surtout moins coûteux que les autres techniques.
Dans la perspective du 100% sous-titré à la télévision, puisque les chaînes voulaient trouver une technique pour un sous-titrage des émissions en direct au moindre coût, c’est le sous-titrage par reconnaissance vocale qui s’est fortement développé. Cependant, les espérances des chaînes et des laboratoires de sous-titrage dépassaient de loin les résultats effectivement observés aujourd’hui. Mais le désir de rentabiliser les investissements matériels l’emporte trop souvent, et les chaînes les moins soucieuses de la qualité du sous-titrage n’hésitent pas à abuser de la technique, même là où ça ne fonctionne pas… Résultat : un sous-titrage simultané par reconnaissance vocale, utilisé au-delà de ce pourquoi il était initialement prévu. Et on se retrouve à voir de plus en plus d’émissions, pourtant enregistrées, sous-titrées comme si elles étaient diffusées en direct… avec, forcément, une conséquence inacceptable sur la qualité du sous-titrage à destination du public sourd ou malentendant. Affaire à suivre…