Santé : certaines radios ne sont plus remboursées
Par Sophie Amsili LE FIGARO
03/02/2011 | Mise à jour : 15:58 Réactions (87)
L'assurance maladie a décidé que certaines radios du thorax et de l'abdomen n'étaient plus indiquées, et par conséquent ne seront plus remboursées. Une décision qui ne fait pas l'unanimité.
Moins de rayonnements mais surtout moins de dépenses de santé. S'appuyant sur des recommandations de la Haute Autorité de Santé, l'assurance maladie a en effet décidé que le recours à des radios du thorax et de l'abdomen n'était pas nécessaire dans plusieurs cas, soit parce que la radio paraît inutile, soit parce qu'un autre examen, notamment un scanner, est jugé plus approprié. Conséquence logique: si l'acte est tout de même effectué, il est à la charge du patient.
Paru dans le Journal Officiel du 26 décembre 2010, le décret est entré en vigueur le 25 janvier dernier. Les actes de radios du thorax ne sont plus indiqués dans les cas suivants:
- infections des voies aériennes hautes (bronchite aigüe, bronchiolite, douleurs thoraciques)
- hypertension artérielle ;
- suivi périodique de l'insuffisance cardiaque congestive chronique et des cardiomyopathies ;
- en préopératoire de chirurgie non cardiothoracique chez les adultes de moins de 60 ans sans pathologie cardiopulmonaire ou avec pathologie cardio-pulmonaire stable
Quant aux radios de l'abdomen, les non-indications concernent les situations suivantes :
- douleur abdominale
- syndrome occlusif
- saignement gastro-intestinal aigu,
- hématémèse, mélaena
- pathologie vésiculaire, biliaire et pancréatique
Une application «problématique»
La caisse d'assurance maladie a réagi en refusant de parler de «déremboursement»: «Nous mettons en oeuvre les recommandations de la Haute Autorité de Santé. Nous prenons en charge les radios quand elles respectent celles-ci», se défend-elle.
Les recommandations ne font en tout cas pas l'unanimité auprès des professionnels de santé. Pourle Dr Jacques Niney, président de la Fédération Nationale des Médecins Radiologues, si certaines radios étaient «trop pratiquées», deux des contre-indications décidées par l'assurance maladie posent tout de même problème : les infections des voies aériennes hautes et le syndrome occlusif. «Le radiologue est un médecin, rappelle-t-il. Il doit appliquer les contre-indications en fonction de l'examen clinique de son patient». Il souligne par ailleurs le nombre de scanners en France, insuffisant et inférieur aux normes européennes.
Le Syndicat des Radiologues Hospitaliers a également fait connaître son insatisfaction dans un communiqué : reconnaissant que «la démarche apparaît au premier abord, positive», le syndicat met en garde contre une application «problématique, voire inflationniste». «En effet, il n'est pas recommandé de pratiquer des radiographies de l'abdomen devant des douleurs abdominales mais de pratiquer un scanner ou une échographie, si le diagnostic clinique est incertain...»
Le déficit de la Sécurité sociale est estimé à 23,2 milliards d'euros pour l'année 2010.
D'après Le Parisien - Aujourd'hui en France, les radios du thorax pratiquées par les radiologues de ville ont coûté 120 millions d'euros à la Sécurité sociale en 2009.